La Préfecture de Loire Atlantique et des Pays de la Loire
Ancien bâtiment de la Chambre des comptes de Bretagne.
Dès 9H30 nous étions 49 membres qui cherchaient à se réchauffer. La place de la Préfecture était déserte. Les policiers nous regardaient d'un drôle d'air en se demandant quel était le motif de notre future manifestation...
Voici un bâtiment qui a changé de région sans changer de lieu ! Tribunal administratif supérieur, la Chambre des comptes de Bretagne semble avoir été établie à Vannes en 1369. Son transfert à Nantes a lieu en 1493, sous le règne du roi Charles VIII qui souhaitait rapprocher le pouvoir breton du royaume de France…
Accolé au mur d’enceinte, entre le couvent des Cordeliers (actuelle école Saint-Pierre) et l’Erdre, un premier bâtiment sera construit sous le règne de François Ier. Edifié sur un terrain meuble, il dut être abandonné au XVIIIe siècle par la Chambre des Comptes qui s’installa en 1782 dans l’actuel hôtel de préfecture dessiné par l’architecte Ceineray.
La juridiction provinciale laissera place à l’administration départementale à la révolution. On y martèlera les emblèmes de « l’ancien régime » : sur les portails d’origine Le Roi deviendra La Loi. Quittant l’hôtel d’Aux (immeuble « 11ème corps d’armée ») le Préfet s’installera physiquement à la Préfecture en 1829.
Le jardin : A l'origine, la place allait jusqu'au perron du bâtiment. (Pour preuve les bornes encore présentes). Le jardin n'existait pas. Il est dessiné par l'architecte Ogée (Félix-François) lors du plan d'extension de 1826. La grille n'est posée qu'en 1830 (après l'emménagement du Préfet...). La place publique est amputée d'un tiers.
Les façades : Architecture classique : un parallélépipède de 64 mètre sur 22. 15 travées en longueur, 5 travées en largeur. Comme tous les bâtiments traditionnels de Nantes, l'élévation est en tuffeau avec des soubassements en granit (pour capter l'humidité). Le couronnement de l'édifice par une balustre qui cache la pente du toit.
La façade sud : Elle est composée de 15 travées. Elle est soulignée, au centre, par un portique composé de 4 colonnes ioniques surmontées d'un fronton triangulaire arborant les Armes du royaume de France encadré par les faisceaux de licteurs (Muni d'un faisceau de verges entourant une hache, le licteur ouvrait la voie des magistrats sous l'empire romain. Ce symbole de la Loi, renvoie à la vocation de l'édifice. Ce symbole sera reprit par la République). La balustrade servait à dissimuler la faible pente du toit.
La porte principale : Réalisée par deux sculpteurs dont Charles Robinot-Bertrand (et Louis Pitouin). On peut voir des symboles liées à la Justice mais également liés à la religion et au siècle des Lumières . Un pélican : En Europe occidentale, le pélican était au Moyen Âge un symbole de piété pour l'Église chrétienne : on croyait qu'il perçait sa propre chair et nourrissait ses petits de son sang. un phénix : Cet animal mythologique renaît de ses cendres. Symbole de résurrection et de nouvelle naissance. Une tête de méduse. Elle doit inspirer la crainte.
L’escalier monumental effectué par Ceineray malgré l’opposition de Henon qui soutenait que celui ci ne pourrait pas tenir, a été consolidé par un tirant de fonds. Sur le mur au premier palier e trouve une tapisserie provenant de l’évêché.
En montant l’escalier et nous nous dirigeons vers la salle des procureurs qui a été remise dans son origine depuis 1961. Le sol est en pierres de Crazannes et cabochons d’ardoise. Derrière la porte de gauche il y avait autrefois une chapelle. Le décor des murs est composé de phœnix, de faisceaux de licteurs et de médaillons aux effigies des rois qui ont été effacées. Sur l’un d’eux, on distingue encore le N comme Napoléon .Le lustre au plafond est de style Louis XVI.
Nous nous rendons dans la salle à manger où nous remarquons une cheminée due à Sébastien Leysner à qui on doit également les anges de l’autel de la cathédrale. Les glaces au mercure en deux parties sont pour certaines assez abîmées. Les blasons au plafond portent les armes des principales villes du département.
Nous passons ensuite par la salle du pont Morand qui servait jusqu’en 1980 de salle au conseil général puis par la salle de l’Erdre aménagée avec du mobilier payé par le surplus du budget de la rénovation de la cathédrale.
Le Préfet n'ayant pas eu le temps de nous saluer, ni même de se faire représenter et excuser, l’un de nous accepta de s’autoproclamer….
Très rapidement, avec beaucoup d’aisance, il sut adopter le style du lieu. Il est vrai qu’au cours de la visite sur l'Estuaire, il avait déjà montré un certain talent en essayant de fomenter une manifestation à Paimboeuf... Jusqu'ou n’ira-t-il pas?
Le «pot de l’amitié» annoncé, et espéré, ayant disparu derrière une armée d’uniformes (« circulez, il n’y a rien à boire !), Ghislain nous proposa de faire le tour de l’édifice. Non pour en abattre les murailles (comme à Jéricho), mais pour nous arrêter quelques instants devant les deux monuments aux morts (1914/1918 et 1939/1945). Notre guide nous raconte l’histoire de la statue de la délivrance qui a été déplacée car la population locale trouvait qu’elle était indécente. Cette statue a été replacée après quelques péripéties sur l’ile Beaulieu.
En revenant vers le monument des 50 otages nous passons devant le nouveau bâtiment du conseil général réalisé en 1986 sous la présidence de M. Charles Henri de Cossé Brissac. Puis nous voyons le bâtiment administratif pour lequel M. Michel Roux Spitz avait fait un projet néo classique, mais qui a été réalisé par M. Maurice Férré, architecte départemental en 1965. Ce bâtiment donne sur la place du port Communeau.
Nous remontons la rue des Pénitentes vers la rue des Cordeliers en passant derrière la rue de l’impératrice Eugénie ouverte en 1868 puis renommée rue de Strasbourg en 1872.
À l’angle de la rue de Strasbourg et de la rue de l’hôtel de ville se trouvait antérieurement un hôtel particulier dénommé hôtel de la Suze qui appartenait à Gilles de Retz puis au duc de Bretagne Jean V. Cette maison a été détruite, il ne subsiste que la propriété voisine datant du 15e siècle dénommé hôtel de saint Aignan.
Ensuite, nous sommes passés devant la chapelle des Cordeliers. C'est en 1253 que les Franciscains (appelés familièrement Cordeliers) arrivent à Nantes. Ils s'installent alors entre la cathédrale et la préfecture, près de la chapelle Saint-Michel. Les frères accueillaient pour le culte et aussi un certain nombre de corporations, dont celle des commerçants nantais et espagnols dans la chapelle Notre-Dame d'Espagne (du 15e), dont il est question dans l'actualité. A la Révolution de 1789, les religieux sont exilés, et les bâtiments passent de mains en mains. En 1811, les Dames blanches rachètent le bâtiment et le rendent au culte. En 1835, destruction partielle pour percer la rue des Cordeliers, et en 1874, démolition quasi-totale. En 1924, construction de l'école Saint-Pierre.
Grâce à Dominique qui a ses entrées à l’école St Pierre, nous avons pu découvrir quelques vestiges des remparts de la ville.Ce lieu d'ordinaire fermé nous a permis de remarquer diverses ouvertures dans ce mur datant de plus de 1 000 ans... Il ne reste pas grand chose du mur gallo romain…qui mériterait mieux que cette cour fermée… mais il vaut cela que la destruction par un promoteur…
Quelques liens : L’ancien couvent des cordeliers , Nantes médiévale , Les cordeliers
"Last, but the least", c’est en joyeuse cohorte que nous nous dirigeâmes vers le restaurant « la Cour de Talensac » où nous attendaient un excellent déjeuner et fructueuse Assemblée Générale (à moins que ce ne soit l’inverse !).
Merci Patrice et François.
Quelques lien: